« The Boys in the Boat » : le dernier film de George Clooney revisite les films classiques sur l’aviron avec brio
George Clooney est l’un des rares acteurs hollywoodiens d’aujourd’hui à incarner l’esprit du cinéma old-school avec sincérité et charme. Dans ce registre, son dernier effort en tant que réalisateur, « The Boys in the Boat », après le laborieux et plat « The Tender Bar », donne l’impression d’être une extension de la personnalité de star de Clooney : accessible, réalisé avec élégance, un peu guimauve mais jamais dénué de vitalité, ni de réflexion. En réunissant toutes ces qualités, « The Boys in the Boat » est le genre de film facile à regarder et inoffensif qui raconte l’histoire d’un jeune homme sans argent et son aspiration à devenir plus que sa situation financière ne lui permet jusqu’à présent. Et le fait que Clooney se trouve derrière la caméra y est pour beaucoup. Entre ses mains, « The Boys in the Boat » suit un cap de film familial sain et pardonnablment conventionel que vous ne regretterez jamais d’avoir regardé un dimanche après-midi avec toute la famille.
La force du film réside également dans le fait que l’histoire centrale est une histoire vraie de persévérance qui ne manque pas d’atouts pour la soutenir : l’équipe d’aviron délabrée mais travailleuse de l’Université de Washington, qui réussit à battre les nazis aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 malgré tous les obstacles. Adapté du best-seller de Daniel James Brown, « The Boys in the Boat » suit principalement le têtu Joe Rantz, interprété de manière captivante et réfléchie par Callum Turner, qui ressemble à une version plus musclée d’un jeune Richard Gere. Étudiant à l’université dans les années 1930, Joe est désespérément fauché, réparant silencieusement les semelles de ses chaussures et faisant quelques petits boulots par-ci par-là pour joindre les deux bouts. Lorsqu’il se rend compte qu’il ne peut plus payer ses frais de scolarité, il décide de rejoindre l’équipe d’aviron de son école, où seuls les meilleurs peuvent obtenir l’une des neuf places convoitées.
Au début, Joe ne cherche qu’à bénéficier du logement et de la nourriture, ainsi qu’à économiser suffisamment d’argent pour couvrir ses frais de scolarité, comme le reste de ses coéquipiers. La question de la classe sociale et du snobisme des riches est habilement abordée dans le film, ce qui lui donne une certaine authenticité. Il n’est pas surprenant de découvrir bientôt que Joe possède un véritable talent pour l’aviron, qui était apparemment le sport le plus regardé de l’époque. Les péripéties qui s’ensuivent sont rassurantes et familières, même si elles sont parfois prévisibles. Les scènes classiques de l’entraîneur influent sont confiées au toujours génial Joel Edgerton, qui incarne Al Ulbrickson, associé à l’entraîneur assistant Tom Bolles (James Wolk), un duo lucide dont le cœur et l’esprit sont aux bons endroits. Il y a bien sûr aussi une histoire d’amour, incarnée par Joyce Simdars, interprétée avec charme par Hadley Robinson, qui ne fait pas grand-chose d’autre à part être une petite amie attentionnée et encouragente. Mais comme elle l’a fait dans « The Pale Blue Eye » de Scott Cooper, où elle avait un petit rôle, Robinson apporte son énergie au film, s’accordant avec le ton nostalgique de l’ensemble.
L’un des tours de force les plus impressionnants de Clooney est de donner au spectateur une compréhension claire de ce qui fait une équipe d’aviron solide. Ceux qui, comme le critique de cet article, associent ce sport principalement aux jumeaux Winklevoss dans « The Social Network » de David Fincher, et aux séquences de courses stupéfiantes de ce film, pourraient être surpris de découvrir une nouvelle appréciation de ses complexités, où chaque rameur a un rôle précis et essentiel comme une pièce d’un moteur bien huilé.
Le scénario de Mark L. Smith différencie économiquement toute l’équipe du bateau, en établissant d’abord l’individualité de chacun des garçons avant que nous puissions les percevoir comme un bloc uni. Par ailleurs, la conception de production et les éléments de costumes (par Kalina Ivanov et Jenny Eagan, respectivement) confèrent au film un aspect réaliste qui lui donne l’air d’un prestigieux film d’époque, avec des décors académiques élégamment éclairés et des lieux de cinéma de l’époque où les gens aimaient parfois se rassembler pour regarder des actualités. Rien dans le film n’est peut-être plus soigneusement conçu que ses deux séquences de course qui dépeignent les exploits de l’équipe, qui remporte des victoires malgré l’absence de puissantes connexions ou de fonds suffisants. Filmées de manière fluide par Martin Ruhe et montées rapidement par Tanya M. Swerling, ces séquences sont à la fois émouvantes et ouvertement émotionnelles, tirant sur les cordes sensibles. Il faut admettre que les plans de Hitler deviennent un peu trop… disons, kitsch, lors de la dernière course à Berlin. Mais grâce à la sincérité que Clooney suscite tout au long du film, vous pourriez fermer les yeux sur ce côté tape-à-l’œil. Après tout, « The Boys in the Boat » n’est pas là pour être un film sur l’aviron prétentieux et réinventé. Il est là pour vous faire passer un bon moment, inspirant et respectueux, et il y parvient parfaitement.