Richard Ferrand élu président du Conseil constitutionnel : pourquoi la gauche et la droite dénoncent un deal secret avec le RN
Richard Ferrand a vu sa nomination validée de justesse grâce à l’abstention des députés d’extrême droite. Sans avancer de preuves, certains parlementaires y ont vu une alliance pour aider Marine Le Pen dans quelques semaines. Une approbation fragile, à une voix près, permise par l’abstention du Rassemblement national.
Richard Ferrand, dont le nom avait été proposé par Emmanuel Macron, a reçu mercredi 19 février le feu vert du Parlement pour devenir le prochain président du Conseil constitutionnel. La candidature de ce fidèle historique du chef de l’Etat a été approuvée de justesse par un vote dans les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat. Trente-neuf parlementaires ont voté pour et 58 contre, mais il aurait fallu 59 voix contre afin d’atteindre les trois cinquièmes des suffrages exprimés nécessaires pour entraver sa nomination.
Les oppositions de gauche et de droite critiquent cette validation de justesse
Les oppositions de gauche et de droite ont critiqué cette validation de justesse, comme cela pouvait être pressenti. Certains élus ont d’ailleurs demandé à Emmanuel Macron et à son fidèle de ne pas aller au bout de cette procédure. Les parlementaires socialistes, par la voix de Patrick Kanner et Boris Vallaud, demandent au président de la République de renoncer à la nomination de Richard Ferrand. Nous appelons le président de la République à ne pas procéder à sa nomination. Nous appelons Richard Ferrand à ne pas accepter cette nomination, a abondé la sénatrice écologiste Mélanie Vogel sur Public Sénat.
D’autres parlementaires sont allés jusqu’à évoquer un arrangement entre le camp présidentiel et le Rassemblement national, sans avancer de preuves de leurs allégations. La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, a dénoncé un candidat parrainé par le RN et s’est interrogée : Quel est leur accord secret ?
Une première décision très scrutée
Pour comprendre les accusations portées contre le bloc présidentiel et l’extrême droite avec cette abstention du RN, il faut se projeter dans le calendrier politico-judiciaire de ce début d’année. Le 31 mars, Marine Le Pen sera fixée sur son sort dans le cadre du procès sur les assistants parlementaires du Front national. Dans cette affaire, les procureurs ont requis mi-novembre cinq ans de prison, dont trois avec sursis, peine qui demeure aménageable, 300 000 euros d’amende, et cinq ans d’inéligibilité, avec exécution provisoire, contre l’ancienne présidente du parti d’extrême droite.
Avant ce jugement, qui pourrait être un sérieux obstacle pour Marine Le Pen sur la route de l’élection présidentielle de 2027, les observateurs attendent une autre décision. L’élu des Républicains fait référence au recours déposé par un conseiller municipal mahorais condamné à une peine d’inéligibilité à titre provisoire, qui a été transmis au Conseil constitutionnel. Celui-ci doit se prononcer avant le début du mois d’avril. Les Sages vont-ils acter le fait que l’exécution provisoire de cette peine est inconstitutionnelle ? Et si c’est le cas, qu’en sera-t-il pour la candidate du Rassemblement national ? La réponse de l’institution pourrait être l’une des premières décisions à rendre pour Richard Ferrand.
Des démentis dans les deux partis
Face à ces reproches, les macronistes et le RN se veulent catégoriques : Il n’y a aucun ‘deal’, aucun affichage, aucune recherche de ‘respectabilité’, a démenti Matthias Renault, député du Rassemblement national. Sur le fond, le parti de Marine Le Pen a salué une candidature qui présente à ses yeux un intérêt sur le long terme. Le sénateur macroniste François Patriat a lui décidé de balayer les insinuations d’Olivier Marleix en rappelant son soutien au gouvernement de François Bayrou : J’avais cru comprendre que Les Républicains étaient dans le ‘socle commun’. Ce propos ne manifeste pas vraiment son adhésion profonde. En second lieu, il relève d’une forme de rancœur et de haine, a-t-il taclé sur Public Sénat, en insistant sur le fait que Richard Ferrand ne peut être l’otage de personne et que son intégrité et son autonomie et ne seront pas remises en cause.