De la Palme d’or au National 2 : l’AS Cannes tente son retour

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Foot : de la Palme d’or au National 2, comment des producteurs hollywoodiens redonnent vie à l’AS Cannes

Pionnier du football professionnel en France, l’AS Cannes a disparu des radars depuis plus de vingt ans. Il revient dans la lumière, derrière son nouvel actionnaire hollywoodien, lors des quarts de finale de Coupe de France contre Guingamp, mardi. Pas besoin de tapis rouge pour une soirée de gala, même à Cannes. C’est soir de fête sur la Croisette, mardi 25 février, mais rien à voir avec le cinéma. La montée des marches se passe au stade Pierre-de-Coubertin, où l’AS Cannes (N2) reçoit l’En Avant Guingamp (L2) en quart de finale de Coupe de France. Un évènement pour ce club historique du football français, finaliste du premier championnat de France en 1933, vainqueur de la Coupe en 1932, mais disparu des radars depuis vingt ans après 69 ans de professionnalisme, dont 22 saisons en Ligue 1. Ça me fait chaud au cœur de les voir là, apprécie Luis Fernandez, qui a passé cinq ans au club en tant que joueur puis entraîneur. Je suis triste qu’ils soient descendus aussi bas. Ils sont loin de leur passé glorieux. La place de Cannes, c’est dans le monde professionnel, ajoute celui qui a notamment porté ce maillot aux côtés du jeune Zinédine Zidane, avant de lancer un autre champion du monde 1998 en professionnel, Patrick Vieira. Car l’AS Cannes, c’était aussi un centre de formation référence, qui a notamment façonné un autre ancien meneur de jeu de renom : Johan Micoud. Tout un héritage qu’une famille américaine, venue d’Hollywood, veut remettre au premier plan.

D’Hollywood à la N2

Sur la Croisette, la magie du cinéma n’est jamais bien loin. Depuis deux ans, elle s’est même abattue sur le club de football de la ville, qui a perdu son statut professionnel en 2004, avant de connaître une liquidation judiciaire en 2014. Une lente agonie, avant le début d’un conte de fée. Car, en juin 2023, après avoir discuté avec 80 repreneurs potentiels, la ville de Cannes laisse le club aux mains du groupe Friedkin, propriété de Dan Friedkin, 391e fortune mondiale selon Forbes. Magnat de la distribution automobile et de l’hôtellerie de luxe, mais aussi de l’aviation, ce milliardaire américain est tombé amoureux de la ville de Cannes par un autre de ses secteurs d’activité : le cinéma. Depuis 2017, ce producteur hollywoodien a en effet participé à la production de cinq Palmes d’or : The Square (2017), Parasite (2019), Titane (2021), Triangle of Sadness (2022) et Anatomie d’une chute (2023). Cannes et cette partie de la France ont toujours occupé une place spéciale dans nos cœurs, assurait ainsi Ryan Friedkin, fils de Dan, lors de la prise de pouvoir de la famille américaine sur l’AS Cannes en juin 2023. Pour les supporters, sachez que nos ambitions sont très sérieuses. Si vous avez suivi ce que nous avons fait à Rome, nous avons des ambitions élevées, ajoutait-il. Car avant de reprendre le club azuréen, le Friedkin Group s’est offert l’AS Roma en 2020, avant de mettre la main sur Everton, en Premier League, en décembre 2024. Les Friedkin sont extrêmement professionnels et ont réussi dans le monde du sport avec l’AS Rome. Ils sont amoureux de Cannes à différents titres, et le rachat du club de football prouve leur attachement à la ville, résume Nicolas Gorjux, premier adjoint à la mairie, qui a supervisé la vente du club avec un objectif : trouver des repreneurs ambitieux, mais sérieux. Ce que semble être le Friedkin Group, très discret depuis son arrivée sur la Croisette.

Un projet ambitieux, mais patient

Aussi discret soit le Friedkin Group, l’AS Cannes se retrouve sous le feu des projecteurs pour son quart de finale de Coupe de France face à Guingamp. Une lumière que les nouveaux dirigeants espèrent retrouver durablement à terme, avec un retour dans le monde professionnel visé d’ici quatre ans, mais sans griller les étapes. Ryan et Corbin, les deux fils, ont repris le club à l’été 2023. S’en est suivie une observation et un fonctionnement du club qui venait de monter de N3 en N2. Ensuite, ils ont entamé un processus de recrutement, retrace Félicien Laborde, nommé directeur général du club en janvier 2024, après avoir occupé le même poste au Mans et surtout à l’AS Monaco. C’est un projet sur cinq ans avec la montée en Ligue 2 comme objectif. Corbin et Ryan Friedkin connaissent le football. Ils choisissent localement des gens dans lesquels ils croient pour structurer pierre après pierre le club, avant de parler de performance. Malgré le portefeuille bien épais de Dan Friedkin, l’AS Cannes se veut prudent et réaliste : La remontée en Ligue 2 d’ici 2029, ça passe d’abord par une remontée en N1 le plus vite possible, glisse Félicien Laborde. Cette première étape est la plus difficile. Ensuite, on lancera un nouveau cycle de trois ans pour essayer d’aller voir encore plus haut, mais ça demande du temps. Du côté de la mairie, on suit le projet de près. On a moins d’engagement financier, mais on travaille main dans la main avec les propriétaires du club, pour le développement des infrastructures notamment. On demeure très actif au niveau des jeunes, de la section féminine, et on espère la réouverture du centre de formation, détaille Nicolas Gorjux.

Cannes, c’est une vraie ville de foot

Cinquième de National 2 la saison dernière, pour son retour à ce niveau 10 ans après la liquidation judiciaire, l’AS Cannes est actuellement leader de sa poule. Tout sauf un hasard, puisque la nouvelle direction a modélisé, via des datas, l’équipe type qui est promue en National 1. On a enchaîné sur un recrutement ambitieux en ne gardant que six joueurs de l’année dernière. On a gardé l’entraîneur des gardiens et l’entraîneur adjoint, et on a recruté six nouveaux membres du staff pour encadrer l’ensemble, explique Félicien Laborde. De quoi rallumer la flamme du football dans cette ville qui brille surtout par ses deux clubs de volley ces dernières années. Cannes, c’est une vraie ville de foot, pas que de cinéma ou de vacances ! Le stade Pierre-de-Coubertin était toujours plein. Quand on est monté en D1, on a traversé la ville sur une charrette devant des milliers de supporters, se souvient Luis Fernandez. Un engouement que Félicien Laborde vit à sa mesure aujourd’hui : En quatrième division, on joue devant 2 000 personnes de moyenne. Face à Guingamp, ce soir, on sera 9 000. Certes, Cannes ne sera jamais Lens ou Saint-Etienne, mais on a largement notre mot à dire. Et ce malgré les voisins encombrants que sont l’OGC Nice et l’AS Monaco. Dans les années 1990, il y avait aussi Toulon, et on était à 15 000 spectateurs au stade. Il y a de la place pour Cannes, assure Félicien Laborde. Élue plusieurs fois ville la plus sportive de France, la cité des Festivals compte 200 associations sportives et 24 000 adhérents, soit un habitant sur trois licenciés dans un club sportif. Outre ses voisins imposants, l’AS Cannes devra aussi trouver sa place dans le Friedkin Group, aux côtés de l’AS Roma, cador de la Serie A italienne, et d’Everton, club historique de Premier League. Chacun garde son indépendance, dans chaque club, et travaille en autonomie. Pour l’instant, ce n’est pas le cas, parce qu’on n’en ressent pas le besoin, analyse Félicien Laborde. D’ici là, Cannes avance sans faire de bruit, pour la première saison avec la famille Friedkin véritablement aux manettes. Les Dragons sont en position de retrouver le National, tout en disputant les quarts de finale de Coupe de France. Le nouveau projet tient la route, avec des investisseurs sérieux. Cannes reste pour le moment un club amateur, qui doit retrouver peu à peu ses moyens, mais ce parcours en Coupe de France peut accélérer les choses, espère Luis Fernandez, qui rêve d’une finale entre Cannes et le PSG, au Stade de France. Évidemment que le Stade de France fait rêver tout le monde, mais on connaît nos objectifs, pondère Félicien Laborde. La N2, c’est très difficile avec beaucoup de concurrence et une seule montée à la fin… L’histoire de notre épopée, c’est celle d’une équipe nouvelle qui avait besoin d’enchaîner les matchs pour apprendre à se connaître. On a enchaîné sans trop de pression et nous voilà en quart de finale. Ce n’est que du bonus ! Après avoir éliminé Grenoble et Lorient, entre autres, les Dragons espèrent bien s’offrir une troisième écurie de L2 dans cette épopée, pour continuer à rêver. En attendant que l’AS Cannes retrouve la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter, promet Nicolas Gorjux, dans le monde professionnel.

Auteur

Jérôme Leroux, 31 ans, est un auteur passionné du monde du gaming, du cinéma et des séries. Originaire de Nantes, il a débuté sa carrière dans le journalisme en tant que contributeur indépendant pour des publications locales.

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