Procès Joël Le Scouarnec : Enquête hors norme des gendarmes critiquée

Procès Joël Le Scouarnec : Enquête hors norme des gendarmes critiquée

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Au procès de Joël Le Scouarnec, une enquête hors norme suscite des critiques d’avocats

Le colonel Cyrille Martin a exposé jeudi la manière dont la section de recherche de Poitiers a mené les investigations dans ce dossier complexe, reconnaissant quelques loupés et des maladresses. Le dossier a profondément marqué tous les enquêteurs.

Le gendarme, képi posé sur le pupitre, fait partie des quatre enquêteurs de la section de recherche (SR) de Poitiers (Vienne) qui ont travaillé sur la titanesque affaire Joël Le Scouarnec.

Le travail a commencé lors de l’enquête préliminaire en juin 2018, sur saisie du juge d’instruction, un peu plus d’un an après l’arrestation du chirurgien par les gendarmes, à son domicile de Jonzac (Charente-Maritime), le 2 mai 2017, après le viol de sa petite voisine de 6 ans.

La perquisition des lieux a abouti à la saisie de 410 fichiers : les journaux intimes numériques de l’accusé. A l’intérieur, les noms, prénoms, dates de naissance et adresses postales de patients et patientes sont méticuleusement répertoriés. Et, pour chacun – essentiellement, des enfants ou adolescents – des récits de viols et agressions sexuelles, parfois détaillés sur plusieurs pages.

Etablir la réalité des faits et identifier les victimes

Il a d’abord fallu établir si les faits relevaient de fantasmes où s’il s’agissait de faits réels, relate le gendarme. Au total, 250 victimes sont identifiées, dont 223 ont été auditionnées sur tout le territoire national, de mai à septembre 2019, par des enquêteurs de gendarmeries locales.

La majorité d’entre elles vivant dans le Morbihan et le Finistère, deux départements bretons, c’est le parquet de Lorient qui récupère le dossier, fin 2019. Les enquêteurs de Poitiers reçoivent alors l’appui de deux gendarmes de la brigade de recherche de Vannes pour poursuivre leurs investigations.

Dès lors, l’équipe s’attaque au parcours professionnel de Joël Le Scouarnec et auditionne 71 professionnels de santé : des anesthésistes, des chirurgiens, des infirmiers, des directeurs d’établissements…

Une enquête délicate et des critiques d’avocats

Le 13 octobre 2020, Joël Le Scouarnec est extrait de la maison d’arrêt de Saintes (il a ensuite été incarcéré à Lorient) et placé en garde à vue. Il est mis en examen dans la foulée pour des faits commis au préjudice de 312 victimes.

Une enquête atypique par la démarche d’investigation, car c’est une enquête à rebours, où il s’agit d’aller de l’accusé vers les victimes et non l’inverse. Cette méthode soulève des critiques de la part des avocats de parties civiles qui déplorent le manque de préparation et d’accompagnement des victimes lors des échanges avec les enquêteurs.

Certains ont reçu un coup de téléphone, d’autres une visite des gendarmes, directement à leur domicile. Les échanges étaient rapides et les victimes ont été confrontées aux détails sordides de leur propre affaire.

Les avocats de parties civiles estiment également que le nombre de victimes est sous-estimé et remettent en question certaines lacunes de l’enquête, notamment concernant les années manquantes dans les carnets de Joël Le Scouarnec.

Malgré les critiques, le colonel Cyrille Martin défend le travail des enquêteurs et souligne qu’aucune méthode n’aurait été parfaite dans une affaire aussi complexe.

Auteur

Jérôme Leroux, 31 ans, est un auteur passionné du monde du gaming, du cinéma et des séries. Originaire de Nantes, il a débuté sa carrière dans le journalisme en tant que contributeur indépendant pour des publications locales.

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