Mankind a colonisé de nombreux mondes
Dans un temps où les voyages plus rapides que la lumière sont rendus possibles par la récolte de matière exotique provenant des œufs de la plus grande espèce que l’humanité ait jamais vue, l’Homme a colonisé de nombreux mondes. Ceux qui participent à la chasse de cette matière sont souvent des travailleurs involontaires.
Le projet de Simon Kinberg sur Star Wars
L’automne dernier, il a été rapporté que le scénariste/réalisateur/producteur Simon Kinberg superviserait une nouvelle trilogie Star Wars chez Lucasfilm, qui ne comprendrait peut-être pas les chapitres 10 à 12 de la saga Skywalker (les films en projet sont encore en pleine évolution créative), mais seraient basés sur l’histoire continue de Rey Skywalker, interprétée par Daisy Ridley. On ne sait pas si ces films sont liés à celui prévu sur l’académie Jedi que Sharmeen Obaid-Chinoy devrait réaliser avec Ridley, et pour lequel le scénariste Steven Knight s’est récemment retiré. L’implication accrue de Kinberg dans l’univers Star Wars a été critiquée par certains fans, étant donné les résultats désastreux de ses deux dernières réalisations : Dark Phoenix en 2019 et The 355 en 2022. Pourtant, Kinberg est impliqué chez Lucasfilm depuis 2012, en co-créant Star Wars Rebels, en écrivant un film sur Boba Fett qui n’a pas été réalisé, et en conseillant sur The Force Awakens et Rogue One. Il est considéré dans l’industrie comme un artisan fiable, favorable au studio, qui sait exécuter les consignes et travailler avec les talents. Il peut être un choix conservateur pour diriger la phase suivante de la galaxie lointaine, très lointaine, mais Kinberg a également accompagné des films de science-fiction originaux remarquables comme Elysium de Neill Blomkamp et The Martian de Ridley Scott. Mais il y a un gros poisson qui lui a échappé…
Le projet The Leviathan
Le 16 mars 2015, le réalisateur Ruairí Robinson a posté sur le web son film de 3 minutes intitulé The Leviathan en guise de preuve de concept. Ce film se déroule dans un futur où l’homme chasse d’immenses baleines dans le ciel pour les récolter afin d’obtenir de la matière exotique permettant les voyages à vitesse supraluminique grâce à un moteur Alcubierre. Le court métrage a accumulé des millions de vues et des discussions enthousiastes sur les sites de cinéma du monde entier. Onze jours plus tard, le 27 mars, il a été annoncé que Simon Kinberg, de la franchise X-Men, allait produire une version long métrage de The Leviathan avec Neill Blomkamp. Et puis… plus rien ne s’est passé. Malgré le soutien de producteurs influents et le scénario de Jim Uhls, célèbre pour son travail sur Fight Club, The Leviathan est une de ces grandes baleines blanches qui n’a jamais été harponnée par les caméras de cinéma.
L’ascension d’un cinéaste
Après le succès de ses premiers courts métrages The Silent City (avec le futur Oscar-winner Cillian Murphy) et Fifty Percent Grey, Ruairí Robinson est devenu une figure montante du cinéma. Vers 2008, à l’âge de 30 ans, le réalisateur irlandais a été attaché au projet Akira de Warner Bros., un gros budget qui envisageait les acteurs Joseph Gordon-Levitt dans le rôle de Tetsuo (Travis) et Chris Evans (avant son entrée dans l’univers Marvel) dans le rôle de Kaneda. Robinson a finalement abandonné Akira, qui est encore aujourd’hui un projet non réalisé, ayant passé deux ans à essayer en vain de mener à bien cette expérience des studios. Il a alors conçu The Leviathan de manière presque anodine.
La production de The Leviathan
Robinson a consacré une année entière, avec des journées de travail de 15 heures, à développer les visuels de The Leviathan aux côtés de l’artiste conceptuel Jordu Schell et de Jim Murray, auteur de comics de 2000AD/Judge Dredd. Il a également travaillé avec Jim Uhls sur le scénario du long métrage et a réussi à terminer ces deux tâches dans les délais prévus. Pour financer son court métrage de démonstration de 3 minutes, Robinson a obtenu 45 000 euros de subventions du Irish Film Board, auxquels il a ajouté son propre travail d’animation/storyboards réalisé en grande partie lui-même, ainsi que des professionnels travaillant pour des tarifs plus bas. Le court métrage a également bénéficié des contributions de grands studios tels que WETA pour la conception des costumes et des véhicules. Ryan Stafford, producteur d’effets visuels pour la trilogie de la Planète des singes d’Andy Serkis, a prêté un système de capture de mouvement d’une valeur de 60 000 dollars pour créer les mouvements des travailleurs captifs à bord du navire volant.
La diffusion de The Leviathan
À sa sortie en mars 2015, le court métrage de Robinson a accumulé près de 4,5 millions de vues sur Vimeo et YouTube. Peu de jours plus tard, le projet a été acquis par la 20th Century Fox, sous l’égide de Simon Kinberg et de sa société de production Genre Films. Malgré les débuts prometteurs et l’appui de talents confirmés, The Leviathan n’a jamais été réalisé en long métrage. Une des raisons évoquées semble être le rachat de la 20th Century Fox par Disney, qui n’aurait pas considéré The Leviathan comme un projet compatible avec sa marque.
La controverse autour de Simon Kinberg
L’implication de Simon Kinberg dans le projet Star Wars et sa connexion avec The Leviathan ont suscité des interrogations et des critiques de la part de certains fans. Bien que Kinberg ait été impliqué chez Lucasfilm depuis 2012 et qu’il jouisse d’une réputation de professionnel fiable et apprécié dans le milieu, ses récents échecs en tant que réalisateur ont fait craindre pour l’avenir de la saga Star Wars. Cependant, l’influence de Kinberg sur Star Wars reste à déterminer et il est possible que The Leviathan ait été impacté par d’autres facteurs que sa participation à la franchise.
Le parallèle avec Star Wars
Le court métrage de Robinson propose une vision unique de l’univers de Moby Dick dans un contexte spatial, avec des baleines volantes servant de source d’énergie pour les voyages à vitesse supraluminique. Bien que l’univers de Star Wars ait également introduit des créatures ressemblant à des baleines dans certains de ces projets, il est difficile de dire s’il y a eu un lien direct entre The Leviathan et ces créatures. Robinson lui-même reconnaît que les baleines de l’espace sont un trope ancien dans la science-fiction et qu’il serait exagéré de prétendre qu’il a inventé cette idée. Il admet néanmoins que la présence des Purrgil dans Star Wars Rebels et Ahsoka a pu être influencée, du moins en partie, par son court métrage.
Conclusion
En définitive, que ce soit parallèlement à The Leviathan ou non, il est crucial pour l’industrie cinématographique d’encourager et de soutenir de nouvelles idées et des projets originaux. Les studios devraient prendre des risques et ne pas se reposer uniquement sur des franchises établies pour assurer leur succès. Espérons que The Leviathan trouvera un jour sa place parmi les grandes histoires cinématographiques, et que des réalisateurs comme Ruairí Robinson obtiennent de nouvelles opportunités pour exprimer leur créativité.