Ma fille n’a pas voulu être prisonnière, c’est pour ça qu’elle est morte : au procès du féminicide de Chahinez Daoud, la douleur de la famille de la victime
Au quatrième jour du procès de Mounir Boutaa, accusé d’avoir assassiné sa femme en 2021, la famille de la victime a témoigné devant la cour, jeudi. Kamel Daoud, le père de Chahinez Daoud, s’est avancé devant la cour d’assises de la Gironde pour évoquer la douleur insoutenable qu’il ressent depuis la mort de sa fille. Il a refusé l’aide de l’interprète, préférant s’exprimer dans un français approximatif, mais chargé d’émotion.
Le poids du et si ?
Depuis le début du procès, Kamel Daoud restait dissimulé derrière ses lunettes de soleil. Mais lorsqu’il s’exprime à la barre, il ne les porte plus. Ses yeux rougis fixent la cour et ses larmes coulent librement. Il évoque le poids du et si ? qui le hante, sa culpabilité de ne pas avoir réussi à sauver sa fille de son bourreau. Il répète que si une femme veut partir, il faut la laisser partir, car elle n’appartient à personne. Sa fille, Chahinez, n’a pas voulu être prisonnière, et c’est pour ça qu’elle est morte. Mounir Boutaa, l’accusé, reste impassible face à ces paroles déchirantes. Depuis quatre jours, il ne s’est pas adressé aux parents de Chahinez, préférant se présenter en tant que mari persécuté. Kamel Daoud, quant à lui, ravale un sanglot et sa voix se brise. Il répète que Mounir Boutaa a détruit la vie de deux familles, celle de Chahinez et la sienne.
La déposition du fils aîné de l’accusé
Kamel Daoud évoque ensuite la déposition du fils aîné de Mounir Boutaa, âgé de 21 ans. Ce dernier, né d’une première union, a présenté ses condoléances à la famille de la victime lors de son témoignage et a affirmé qu’il ne présenterait jamais ses trois enfants à son père, même s’il sortait un jour de prison. Kamel Daoud espère que Mounir Boutaa entend bien ces mots. Le fils aîné de l’accusé a également témoigné de la relation entre Chahinez et son père. Il a déclaré que malgré tout, Chahinez l’avait toujours traité comme un roi, comme son fils. Kamel Daoud, ému, espère que cette reconnaissance de l’amour de Chahinez envers son fils marquera l’accusé.
Le témoignage des sœurs de Chahinez
Quatre ans après les faits, la famille de Chahinez Daoud se succède à la barre pour raconter leur vécu et faire entendre la voix de la victime. L’une de ses sœurs a témoigné de la torture infligée par Mounir Boutaa avant le drame. Elle a décrit comment il l’insultait, la traitait de pute et prenait toutes les décisions pour elle. Malgré la distance, elle passait des heures au téléphone avec Chahinez tous les jours, quand son mari ne lui confisquait pas son portable. Elle raconte comment il l’a menacée de la renvoyer en Algérie dans un cercueil. La sœur de Chahinez affirme que sa sœur n’a pas eu une belle vie avec Mounir Boutaa. La veille, une autre sœur a évoqué le quotidien de Chahinez Daoud avant son arrivée en France. Elle a rappelé combien Chahinez était épanouie dans sa carrière d’éducatrice de crèche et combien elle était aimée et respectée. La famille souligne que tous les Algériens pleurent Chahinez, et qu’elle restera à jamais une sœur merveilleuse, pleine de courage. En conclusion, le témoignage de la famille de Chahinez Daoud au procès de Mounir Boutaa a mis en lumière la douleur insoutenable qu’ils ressentent depuis la perte de leur fille. Ils décrivent Chahinez comme une femme qui ne voulait pas être prisonnière et qui a été tuée par son mari. Les témoignages mettent également en évidence les violences et les abus que Chahinez a subis avant sa mort. La famille espère que la justice sera rendue et que Mounir Boutaa sera condamné pour le crime qu’il a commis.