Eddington : une tentative ratée de satire politique à travers la comédie
Avec Eddington, le maestro de l’horreur du XXIe siècle Ari Aster fait une tentative ambitieuse vers la comédie politiquement teintée, mais il manque largement la cible avec ce western moderne poussiéreux situé dans une petite ville. Le premier échec de la carrière de réalisateur d’Aster essaie en vain de capturer et de satiriser la paranoïa rampante et les lignes de fractures culturelles de l’été 2020 à travers son récit de rivalités amères pour devenir maire en pleine ère COVID. Avec des tentatives maladroites dans toutes les directions, Eddington se retrouve avec étonnamment peu à dire et erre pendant une grande partie de ses 145 minutes de durée.
Des performances respectables mais un manque de profondeur
Il y a un certain plaisir superficiel à trouver, surtout dans les performances principales : Eddington est une œuvre extrêmement légère dans le corps d’une comédie qui n’est drôle que parce que des acteurs comme Joaquin Phoenix et Emma Stone font de réels efforts pour trouver quelque chose sous la surface. Mais compte tenu du matériel avec lequel ils travaillent, ils ratent souvent leur coup. Phoenix incarne Joe Cross, le shérif rebelle et alarmant d’Eddington, au Nouveau-Mexique fictif, qui passe son temps à écouter la radio conservatrice et à essayer de naviguer poliment (mais agressivement) autour des règles de pandémie (ou en insistant pour que d’autres le fassent).
Une satire peu profonde et maladroite
Malgré les tentatives de Joe de contourner les règles qu’il est censé faire respecter, il est difficile de ne pas être perturbé par certaines des premières interactions du film. Cependant, sur la route, il promet plus qu’il ne peut réaliser. L’exploration des médias sociaux et des dissensions culturelles est peu approfondie et la satire ne va pas au-delà de la surface. Aster joue avec du matériel incendiaire mais le rate constamment en ne faisant que rarement des tentatives sincères d’examiner l’humour ou l’absurdité trouvés dans les points de vue des personnages. L’approche d’Aster assure que la satire d’Eddington n’est pas plus profonde qu’une pataugeoire pour enfants.
Un regard distancié et peu engagé
Ce qui est louable dans le film est la façon dont il change de ton, passant d’une satire politique à un mystère criminel, après un tournant clé dans l’intrigue vers le milieu du film. Cependant, cette transformation est en contradiction avec les tentatives du film de dramatiser l’une des années les plus effrayantes de mémoire récente. Son style n’évolue jamais pour approfondir cette ambiance. Même son décor du sud-ouest états-unien est souvent réduit à un symbole large des différends de voisinage et de la morosité civique, aux côtés d’une violence cruelle envers ses personnages qui n’est en rien nuancée.