Les Danses Sacrées d’Angkor : Un Patrimoine Immatériel à Préserver
Lorsqu’on évoque le patrimoine, on pense souvent aux châteaux et aux cathédrales. Pourtant, le chef-d’œuvre que vous allez découvrir n’est pas en pierre, mais plutôt en mouvement. Depuis plus de 1000 ans, les Danses Sacrées d’Angkor ont failli disparaître, mais elles sont aujourd’hui reconnues et protégées par l’UNESCO.
Le Temple de Banteay Srei, la Citadelle des Femmes
Le reportage débute au lever du jour, devant les temples d’Angkor. Au milieu de la forêt, le Temple de Banteay Srei se démarque avec sa couleur rose. Surnommé la Citadelle des Femmes, ce temple met en avant les danseuses Apsara, des messagères divines. Les silhouettes féminines sculptées sur les piliers nord-ouest captivent les visiteurs.
Un Conservatoire de Danse et de Musique
À quelques kilomètres de là se trouve un conservatoire de danse et de musique, où les héritières de cette tradition millénaire s’entraînent. C’est ici que les danseuses d’Angkor donnent vie à ces danses sacrées, avec grâce et rigueur. Leur apprentissage débute dès l’enfance, avec des exercices d’assouplissement et d’élongation des doigts.
Le répertoire classique des danses d’Angkor était autrefois réservé à l’élite et se dansait exclusivement dans l’enceinte du palais royal. Aujourd’hui, elles sont réinterprétées lors de divers événements culturels, perpétuant ainsi cette tradition ancestrale.
La Résurrection d’un Art Anéanti
Malheureusement, pendant le régime de Pol Pot, ces danses sacrées furent anéanties. Les codes et les mouvements furent presque perdus. Heureusement, des passionnés se sont efforcés de les faire revivre. Florence Ravinet-Coxen, une Franco-Cambodgienne, a redonné vie à ces danses grâce aux dessins et photographies d’un français, George Groslier, qui avait documenté les gestes des danseuses dans les années 20.
Aujourd’hui, ces danses sacrées sont enseignées dans le respect de leur dimension spirituelle, loin de tout folklore commercial. Des heures de préparation sont nécessaires pour chaque représentation, avec la confection de répliques de fleurs de lotus en feuilles de bananier et de boutons de jasmin.
Le Dialogue entre les Danseuses Sacrées et les Dieux
À la tombée de la nuit, lorsque les touristes quittent le site d’Angkor, le bus des danseuses sacrées arrive. S’ouvre alors un dialogue entre elles et les dieux, à travers des rituels et des chorégraphies complexes. Le sens profond de ces danses est ainsi révélé, en rendant hommage à la légende de Cambouera, qui a donné naissance au Cambodge.
Envoûté par la grâce de ces danses aériennes, nous sommes témoins privilégiés de ce patrimoine immatériel de l’humanité, préservé et transmis de génération en génération.