Double meurtre à Roujan : Jordan Garnier déclaré irresponsable
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Montpellier a rendu son verdict : Jordan Garnier, auteur du double meurtre d’Amélie et Caroline en janvier 2022 à Roujan (Hérault), a été déclaré irresponsable pénalement. Ce jeune homme de 25 ans, atteint d’un trouble psychique ayant aboli son discernement, a été hospitalisé d’office en psychiatrie et ne comparaîtra pas devant les assises.
Une scène d’horreur découverte par la famille
Les faits remontent au 14 janvier 2022. Ce soir-là, Jordan Garnier se rend dans le restaurant de ses parents, situé en face de son domicile, et leur lance, le regard vide : « J’ai fait une connerie. » Vêtements ensanglantés, il laisse son père découvrir avec effroi les corps mutilés de sa compagne Amélie, élève infirmière de 21 ans, et de leur voisine Caroline, ambulancière de 25 ans.
Un passage à l’acte sous l’effet d’une bouffée délirante
Lors de ses premières auditions, le suspect reconnaît les faits et décrit un état psychologique dégradé depuis plusieurs jours. Le matin même du drame, il avait consulté un médecin, qui lui avait prescrit un arrêt de travail d’un mois pour « angoisse et anxiété ». L’après-midi des meurtres, il consomme du cannabis avec sa compagne. Peu après, il sombre dans une panique irrationnelle, persuadé qu’on veut le tuer. Il poignarde alors Amélie et tente de la décapiter, convaincu qu’elle allait se transformer en « zombie ». Caroline, qui croisait son chemin, subit le même sort : Jordan Garnier affirme avoir vu son visage « se transformer » et craint qu’elle ne cherche du renfort pour l’attaquer.
Une irresponsabilité confirmée par trois expertises psychiatriques
Au cours de l’enquête, trois psychiatres examinent Jordan Garnier. L’un estime que son discernement était altéré, tandis que les deux autres concluent à une abolition totale de son discernement, provoquée par une bouffée délirante aiguë. Ces experts soulignent que cette crise a été aggravée par sa consommation de cannabis, mais non déclenchée volontairement dans un dessein criminel.
Cette décision ravive le débat sur l’irresponsabilité pénale et la prise de substances psychoactives. Depuis l’affaire Sarah Halimi, une loi du 24 janvier 2022 interdit d’invoquer l’abolition du discernement si celle-ci résulte de la consommation volontaire de stupéfiants dans le but de commettre un crime. Dans le cas de Jordan Garnier, la justice a considéré que le cannabis n’avait pas été consommé à cette fin.
En revanche, Me Iris Christol, avocate de la famille d’Amélie, critique l’issue du dossier : « Avec cette loi, il faudrait prouver que l’accusé a pris du cannabis dans l’intention de tuer. Or, seuls les terroristes procèdent ainsi. Rien ne change. » Guillaume Calas, le frère d’Amélie, exprime sa douleur : « Nous avons l’impression de vivre un cauchemar. Ce jugement donne un véritable permis de tuer. » La famille craint que Jordan Garnier ne soit relâché après seulement quelques années d’hospitalisation.
Alors que les proches des victimes pleurent une justice qui ne leur apportera jamais de réponses, le sort de Jordan Garnier repose désormais entre les mains des psychiatres.
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