Kinds of Kindness : Un film sombre et acerbe de Yorgos Lanthimos
Kinds of Kindness est un film de Yorgos Lanthimos qui sortira en salles le 21 juin. Cette critique est basée sur une projection au Festival de Cannes. Après des détours grandioses tels que Poor Things et The Favourite, Yorgos Lanthimos revient à ses racines les plus sombres et acerbes avec Kinds of Kindness. Ce triptyque d’histoires thématiquement liées (mais totalement distinctes) est mené par Emma Stone et Jesse Plemmons. Le film est imprégné de la malice acérée du réalisateur lors de ses jours de Dogtooth et illustre l’absurdité violente qui a lancé Lanthimos et la Greek Weird Wave.
Un Retour Vicieux et Sombre aux Sources
Compte tenu du succès du réalisateur à Hollywood, Kinds of Kindness semble être un coup d’éclat vicieux. Ce dernier film de Lanthimos est totalement à l’opposé des comédies noires éblouissantes qui lui ont valu des nominations aux Oscars. Il s’agit d’une série sombre et ensanglantée de satires sèches et violentes sur l’amour, l’obsession et le contrôle. C’est l’un des films de studio américains les plus délicieusement méchants depuis un certain temps.
Les Histoires Dérangeantes de Kinds of Kindness
Dans la première histoire, Plemmons interprète Robert, un employé de bureau consciencieux dont la routine est dictée et contrôlée – jusqu’à ses repas et ses activités sexuelles – par son patron Raymond (Willem Dafoe). Les cadeaux étranges de Raymond donnent lieu à des demandes encore plus étranges, susceptibles de nuire à Robert et de causer la mort d’autres personnes. Cependant, la dévotion presque romantique de Robert envers son patron paternaliste crée un dilemme moral complexe.
Des Acteurs de Renom
Avec des rôles mineurs interprétés par des acteurs de renom tels que Stone, Joe Alwyn, Hong Chau et Margaret Qualley, ce conte de fées tordu sur les attentes masculines ramène Lanthimos à une approche tonale datant de plusieurs années, tout en faisant avancer son style visuel.
Un Écho à The Killing of a Sacred Deer
Il fait écho à The Killing of a Sacred Deer non seulement dans le scénario, mais aussi dans le style de jeu des acteurs, Plemmons supprimant tout sentiment d’exhibition ou de nuance. Sa prestation contrainte et retirée ne fait jouer à l’acteur que l’objectif d’une scène donnée, renforçant le désespoir de Robert de vouloir plaire.
Une Mise en Scène Hypnotique et Sombre
Ces caractéristiques typiques de Lanthimos sont enveloppées dans un tout nouveau packaging grâce au directeur de la photographie Robbie Ryan, qui filme La Nouvelle-Orléans de la même manière que Paul Thomas Anderson capture Los Angeles dans Punch-Drunk Love et Licorice Pizza : comme un endroit de nuits inconfortablement moites, de couleurs éclatantes en fort contraste et de reflets d’ampoules de lampadaires qui bombardent les sens.
La Deuxième Histoire de Kinds of Kindness
La dissonance entre cette vivacité visuelle et le comportement froid et calculateur des personnages est particulièrement présente dans la deuxième histoire, dans laquelle Plemmons joue le rôle de l’officier de police Daniel, dont la femme Liz (Stone) a disparu en mer et qui voit son visage dans les petits criminels qu’il arrête. La misère pathétique et touchante de Plemmons se poursuit également dans cette deuxième fable, mais lorsque Liz est finalement secourue, l’incapacité de Daniel à accepter son retour le conduit sur un chemin étrange où il exige des tests de loyauté sous forme d’automutilation.
Une Métaphore Explicite et Répétitive
Le titre Kinds of Kindness (qui remplace le peu adapté au référencement And) rappelle les actes de dévouement ou de gentillesse tordus du film Resurrection mené par Rebecca Hall. La métaphore est entièrement explicite – il s’agit d’un récit sur la manière dont les gens sont transformés par des circonstances difficiles et comment ces changements provoquent des fissures dans les relations – ce qui entraîne parfois un sentiment de nihilisme répétitif. Cependant, les rebondissements qu’il emprunte sont totalement inattendus, principalement en raison de leur caractère répugnant et douloureux.
Une Bande Originale Hypnotique
Pendant ce temps, la bande originale décalée de Jerskin Fendrix, composée de notes de piano discordantes et de vocalisations monosyllabiques éclatantes, confère à chaque tournant fou du film une sensation hypnotique. Chaque personnage principal de ces histoires est animé par une sorte d’obsession. La troisième et la plus longue partie de Kinds of Kindness voit Stone jouer le rôle d’une femme qui abandonne ses responsabilités familiales pour se lancer dans une mission religieuse macabre. De temps en temps, des rêves ou des visions en noir et blanc soulignent à quel point les désirs des personnages sont enracinés psychologiquement.
Une Vitrine d’Acteurs et de Composition Visuelle
L’absurdité vertigineuse de chaque récit offre également une immense vitrine d’acteurs pour tous les protagonistes. Ils déclament des déclarations de dévotion avec une audace dénuée de toute nuance, ce qui donne l’impression d’une farce parfaitement exécutée. De plus, Lanthimos crée parfois des compositions frappantes de nudité douce et non sexuelle (y compris de la nudité trans), qui semblent être le fruit d’une immense confiance et d’une collaboration entre tous les acteurs.
Une Farce Délicieusement Misanthropique
Un film qui jongle avec autant de subtilité tonale ne devrait pas bénéficier de tels clins d’œil métatextuels, mais ce clin d’œil nous permet également de comprendre la blague globale de l’histoire. Il s’agit certainement de l’un des films de studio américains les plus délicieusement méchants depuis un certain temps. Ces particularités ne sont pas de simples détails de fond dans les films de Lanthimos, ils sont des caractéristiques déterminantes.
Un Crescendo Émotionnel Inévitable
Le drame émerge et s’approfondit alors qu’il pousse lentement le curseur de l’idiosyncrasie vers la folie, en gardant ses personnages constamment liés à un sentiment de remords. Il s’amuse également abondamment en faisant cela, offrant un film qui oscille entre le misanthropique et l’humour noir, porté par une distribution simplement débordante d’énergie pour atteindre le crescendo émotionnel inévitable de chaque histoire. Ils semblent avoir pris beaucoup de plaisir à jouer dans le bac à sable de Lanthimos pendant 2 heures et 45 minutes, et ils dégagent une aura maudite capable d’enchanter tout spectateur prêt et disposé.
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