Fable 2 : un RPG unique à découvrir
En fin d’épisode du podcast officiel Xbox de cette semaine, l’information la plus importante concerne la sortie de Fable, le jeu tant attendu de Playground Games. J’appelle cela un trésor car il offrait un rare aperçu du gameplay, mais maudit car il était accompagné de cette redoutée mise à jour sur le développement : un report. Initialement prévu pour cette année, Fable sortira finalement en 2026. Les retards, bien sûr, ne présagent pas nécessairement d’un échec, malgré l’attente douloureuse qu’ils engendrent. Dans le cas de Fable, espérons que cela signifie simplement qu’un monde richement détaillé a juste besoin de plus de temps pour s’épanouir. Mais cette année supplémentaire d’attente peut être mise à profit : il n’y a pas de meilleur moment pour jouer aux jeux Fable. Plus précisément, je vous conseille de jouer à Fable 2, le point culminant de la série, et de (re)découvrir à quel point ce classique de 2008 de Lionhead Studios est étrange et unique en son genre.
Fable 2 : un RPG aux mécaniques uniques
Comparé aux jeux de rôle d’aujourd’hui, Fable 2 est assez inhabituel. Mais même par rapport à ses contemporains de 2008, tels que Fallout 3 (sorti quelques jours plus tard) et les premiers jeux en 3D de BioWare, il est pratiquement unique dans sa vision. Alors que Fable 2 propose une campagne assez traditionnelle, avec une histoire principale linéaire et une collection étrange de quêtes secondaires optionnelles, ses mécanismes de RPG diffèrent grandement des aspects plus complexes d’Oblivion et de Neverwinter Nights. Il lisse complètement ces aspects pour créer quelque chose de très accessible, même pour ceux qui considèrent une feuille de personnage de jeu de rôle comme des hiéroglyphes. Six compétences principales régissent votre santé, votre force et votre vitesse, entre autres. Il n’y a qu’une seule statistique de dégâts à prendre en compte pour les armes, et rien de tel en ce qui concerne les armures ou les accessoires de renforcement. Le combat, bien qu’il soit récurrent dans la plupart des quêtes, est facile et agréable, grâce à une utilisation créative de sorts vraiment innovants (comme le merveilleux sort Chaos qui force les ennemis à danser et à nettoyer les sols). Vous êtes même imperméable à la mort – perdre tous vos points de vie vous pénalise seulement par une légère perte d’expérience. Fable 2 est le RPG pour les personnes qui n’ont jamais joué à des RPG.
La vie dans le monde d’Albion
En 2008, lorsque le monde ouvert de Cyrodiil dans Oblivion pouvait sembler écrasant pour les débutants en jeu de rôle, Albion, le monde de Fable 2, offrait une chaîne plus gérable de petites cartes faciles à naviguer. Vous pouvez librement passer d’une zone à une autre et, avec l’aide de votre fidèle compagnon canin, vous aventurer au-delà des sentiers battus pour découvrir des secrets tels que des trésors enfouis, des grottes englouties et des portes démoniaques puzzle. Tout cela donne une impression d’échelle et d’opportunité plus grande que sa superficie réelle. Cependant, la géographie d’Albion est restreinte, vous obligeant en grande partie à emprunter des chemins linéaires d’un repère à l’autre. Ce n’est pas un monde dans lequel on peut se perdre, du moins pas au sens traditionnel du terme. Albion en tant qu’entité physique ne rivalise pas avec les mondes incroyables des jeux Infinity Engine de BioWare et le magnifiquement étrange Morrowind de Bethesda. Mais le juger avec les attentes modernes et contemporaines des RPG ne lui rend pas justice. Les priorités de Fable 2 ne résident pas dans l’escalade de montagnes lointaines ou l’exploration de donjons aux innombrables chemins, mais dans un monde grouillant de vie.
Un monde vivant
Albion fonctionne comme un organisme étrange et organique. Chaque matin, lorsque le soleil se lève à l’horizon, les habitants se réveillent et commencent leurs routines quotidiennes. Les crieurs publics annoncent les nouvelles au milieu de la foule bruyante : Les magasins sont maintenant ouverts ! et, lorsque les étoiles commencent à briller à nouveau, Il est très tard ! Tout comme vos familles dans The Sims, chaque citoyen d’Albion a une vie intérieure basée non seulement sur leur rôle social, mais aussi sur leurs goûts et leurs aversions. Grâce à une bibliothèque toujours plus développée de gestes, vous pouvez ravir, offenser, impressionner ou même séduire chaque personne que vous rencontrez (qui ne vous attaque pas). Un pet bien exécuté peut faire hurler de rire les clients d’un pub, tandis que pointer du doigt et rire des petits enfants peut les faire fuir vers leurs parents. À travers ces émoticônes, vous pouvez influencer les habitants d’Albion, les charmer avec votre héroïsme et vos excentricités, ou les repousser avec vos actes diaboliques et votre impolitesse. Nous parlons souvent de PNJ réactifs et de villes dans les jeux vidéo qui semblent vivantes, mais rien ne se rapproche vraiment de ce que Fable 2 réalise. Bien que votre personnage soit un héros destiné à vivre de grandes aventures, à combattre des bandits et à trouver des trésors éclatants, Fable 2 est un jeu encore plus intéressant lorsque vous vous assimilez pleinement à sa société.
La simulation de la vie
Pratiquement tous les bâtiments d’Albion peuvent être achetés, à la fois des maisons et des boutiques, et vous pouvez les acheter avec l’argent que vous gagnez en travaillant dur (les mini-jeux de découpe du bois et de forgeage deviennent rapidement des distractions monotones mais apaisantes). Avec les clés d’une maison en main, vous pouvez devenir propriétaire et louer la propriété à des prix équitables ou exorbitants, ou en faire votre foyer et l’aménager selon vos goûts. Ensuite, vient l’étape suivante : séduire le NPC le plus attrayant de la ville en utilisant son émoticône préférée jusqu’à ce qu’il finisse par tomber dans votre lit et que, après un passage comique, vous ayez un enfant. Les composants individuels de tout cela, comme dans The Sims, semblent incroyablement artificiels. Pourtant, le résultat global donne une impression de vie authentique.
Un choix net entre le bien et le mal
Peu de RPG ont suivi les traces de Fable 2 dans ce département. Même les réalisations exceptionnelles de Baldur’s Gate 3 n’incluent pas de romances naturelles et la possibilité de spéculer sur le marché immobilier. Mais l’authenticité de la vie d’Albion trouve un héritier inattendu : Red Dead Redemption 2 de Rockstar. La recréation numérique de l’ancien Ouest par Rockstar est incroyablement réactive, remplie de personnages secondaires qui réagissent de manière crédible à votre présence et à votre comportement. Chaque PNJ peut être interrogé en utilisant un système qui rappelle les gestes plus lisses et plus cinématiques de Fable 2, et votre comportement peut les ravir ou les agacer. Si la plupart des interactions sont simples et plaisantes, les vies que vous touchez de manière plus significative – comme aspirer le venin d’une morsure de serpent mortelle – peuvent se souvenir de vous et vous montrer de la gentillesse des semaines plus tard. Si le nouveau Fable de Playground Games doit rester fidèle à ses origines, son modèle moderne devrait être le monde vivant inégalé de Rockstar plutôt que les RPG inspirés des jeux de table à la mode actuellement. Playground devra également cultiver d’autres éléments, comme l’humour incroyablement britannique de Fable, avec une satire ironique du système de classes et une bonne dose de blagues graveleuses. De plus, il faudra un casting d’acteurs aimés qui rivaliseront avec le personnel enseignant de Poudlard (un détail que Playground semble déjà maîtriser avec les apparitions de Richard Ayoade et Matt King dans les bandes-annonces). Mais peut-être le plus important, au-delà de ce monde animé, est l’approche caractéristique de Lionhead pour le bien et le mal.
Le choix entre le bien et le mal dans Fable
Peter Molyneux, fondateur de Lionhead Studios et concepteur principal de la série Fable, est fasciné par le bien et le mal. Offrir aux joueurs le choix entre les deux était la base du premier projet du studio, le jeu divin Black & White, et a continué d’être une priorité tout au long de la carrière de Molyneux, y compris dans son prochain jeu Masters of Albion (qui n’a aucun lien avec Fable, malgré son nom trompeur). Mais l’approche de Lionhead en matière de choix du joueur est très éloignée des décisions nuancées et complexes présentes dans The Witcher et les meilleurs jeux de BioWare. Dans Fable 2, vos options sont soit absolument angéliques, soit désespérément démoniaques, sans espace gris entre les deux. Cela fonctionne dans les extrêmes comiques ; une quête secondaire vous demande soit de débarrasser un entrepôt des nuisibles, soit de détruire tout son stock. Plus tard, un fantôme qui s’est suicidé après avoir été abandonné à l’autel vous demande de tourmenter son ancienne amante toujours en vie, et vos seules options sont de rendre sa vie un enfer ou d’en faire votre femme.
Un Fable fidèle à lui-même
La dernière séquence de gameplay en pré-alpha ne permet pas encore de savoir si Playground Games réussira cet aspect de Fable. Bien qu’elle propose 50 secondes de jeu, elle ne donne qu’un bref aperçu d’un jeu authentique Fable. Mis à part le célèbre coup de pied de poulet, bien sûr. Mais moins d’une minute d’images hors contexte ne suffit pas pour raconter toute l’histoire, n’est-ce pas ? Ce que nous pouvons voir dans ces quelques secondes fugaces, c’est un monde beaucoup plus détaillé que ce que Fable a connu jusqu’à présent. Le cheval du personnage principal indique un monde ouvert avec beaucoup moins de restrictions que les jeux de l’ère X360, et une forêt incroyablement représentée suggère que nous pourrons vraiment nous perdre dans ce nouvel Albion. Mais c’est le bref aperçu d’une ville dense et complexe, pleine de vie, qui me donne l’espoir que Playground Games a su rester fidèle à la simulation de société à la manière de The Sims, ce qui rend Fable 2 si unique. J’ai hâte de pointer du doigt et de rire des enfants, de danser sur les tables des pubs et de vivre une romance passionnée avec un inconnu rencontré derrière l’étal du primeur. Mais tout cela arrivera dans un an. Et dans cet intervalle, vous pouvez revisiter (ou découvrir pour la première fois) le merveilleux monde de Fable 2. Vous comprendrez facilement pourquoi il est si apprécié, et pourquoi il est si important que Playground Games conserve toutes ses particularités. Parce que ce dont nous n’avons pas besoin avec ce projet, c’est d’un Fable transformé en clone de The Witcher, en imitation de Baldur’s Gate ou en RPG à la manière de Dragon Age. Nous avons simplement besoin que Fable reste Fable, pets inclus.
Matt Purslow est le rédacteur en chef des rubriques d’IGN.
