Rap français : des chiffres qui parlent
Alors que certains annoncent une perte de vitesse du rap français et un désintérêt général pour la musique urbaine, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Spotify, géant mondial du streaming musical, vient de publier son bilan annuel pour la France, et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’industrie musicale hexagonale se porte à merveille. Avec 300 millions d’euros reversés aux artistes français en 2024, la plateforme bat des records et confirme la domination des talents francophones, en particulier dans le rap.
Une hausse spectaculaire des revenus musicaux
En un an, les redevances versées par Spotify en France ont bondi de 18 %, atteignant les 300 millions d’euros. Cette augmentation dépasse largement la croissance moyenne observée sur l’ensemble des plateformes de streaming, estimée entre 7 et 10 % selon la SNEP. Ce résultat témoigne de l’attachement croissant des Français à Spotify, qui s’impose plus que jamais comme leader du marché dans l’Hexagone.
Le triomphe des artistes indépendants
Autre chiffre marquant de ce rapport : près de deux tiers des revenus reversés ont bénéficié à des artistes ou labels indépendants. C’est 50 % de plus que la moyenne mondiale sur Spotify, une singularité bien française qui reflète l’essor d’une scène autonome et dynamique. Les artistes touchant plus de 100 000 euros par an sur la plateforme sont quatre fois plus nombreux qu’en 2017, tandis que ceux dépassant les 500 000 euros ont triplé depuis 2019.
Le rap français continue de dominer
Contrairement aux discours alarmistes, le rap français ne montre aucun signe d’essoufflement. Des artistes comme SDM, SCH, Jul, Ninho, Booba ou encore Werenoi ont enchaîné les succès en 2024, confirmant leur statut de poids lourds de l’industrie. Résultat : 70 % des titres du Top 50 France sur Spotify sont francophones, une preuve éclatante de l’ancrage culturel local et de la fidélité du public.
Les femmes gagnent du terrain
L’année 2024 marque également une avancée significative pour les artistes féminines. Leurs écoutes ont progressé de 15 % par rapport à 2023, et de 90 % en comparaison avec 2020. Des figures comme Aya Nakamura ou Theodora y sont pour beaucoup, redonnant une visibilité méritée aux voix féminines dans un milieu encore largement masculinisé. Cette progression s’accompagne aussi d’une hausse des revenus générés à l’international par les artistes français, en augmentation de 15 %.
Une industrie en pleine mutation
Au-delà des chiffres, ce bilan révèle une transformation profonde du paysage musical français. Le streaming ne cesse de remodeler les modes de consommation, de favoriser l’émergence d’artistes indépendants et de renforcer les dynamiques locales tout en exportant le talent français à l’étranger. L’année 2024 restera ainsi comme un cru exceptionnel, annonciateur d’un avenir encore plus florissant pour la musique made in France.