Au procès des assistants parlementaires européens du FN, l’avocat de Marine Le Pen demande à la justice de laisser le peuple souverain décider de son avenir politique
Une plaidoirie pour la relaxe de Marine Le Pen
Lors du procès pour soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires européens du Front National (FN), l’avocat de Marine Le Pen, Rodolphe Bosselut, a plaidé la relaxe de sa cliente devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Après deux mois d’audience, l’avocat a déroulé ses arguments pendant trois heures afin de tenter de rapprocher les deux visions opposées qui se sont affrontées lors des débats.
Des réquisitions jugées excessives
Rodolphe Bosselut a tout d’abord contesté les réquisitions du parquet prononcées le 13 novembre. Les procureurs ont réclamé contre Marine Le Pen cinq ans de prison, dont trois avec sursis, 300 000 euros d’amende, et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. L’avocat a dénoncé ces réquisitions qu’il juge excessives, outrancières et injustifiées.
Une peine d’inéligibilité contestée
L’avocat s’est ensuite attaqué à la demande d’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité. Il a proposé de laisser le peuple souverain décider de l’avenir politique de Marine Le Pen, plutôt que de laisser la justice prendre cette décision. Il a affirmé que l’exécution provisoire violait la présomption d’innocence et aurait des conséquences irrémédiables et irréparables. Selon lui, cette peine d’inéligibilité avec exécution provisoire ressemble à une arme de destruction massive du jeu démocratique.
Une éradication de la vie politique
Le conseil de Marine Le Pen a également fait valoir qu’une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire équivaudrait à une éradication pure et simple de sa cliente de la vie politique. Il a sommé le tribunal de ne pas suivre les réquisitions du parquet, afin de préserver l’intégrité de l’institution judiciaire et de ne pas jeter un doute sur ses intentions.
Un système douteux selon l’avocat
Rodolphe Bosselut a également rejeté la comparaison avec l’affaire des assistants parlementaires européens du MoDem, dans laquelle François Bayrou a été relaxé. Il a affirmé qu’il y avait une différence entre les deux affaires, car dans celle du FN, il existait un système de détournement de fonds publics. Il a évoqué la publication de l’organigramme du Front National au printemps 2015 qui révélait les noms des assistants parlementaires et leurs tâches politiques et militantes. Selon lui, tout était su et connu, ce qui invalide la thèse d’une conspiration.
Une défense personnelle de Marine Le Pen
Pour conclure sa plaidoirie, Rodolphe Bosselut a contesté les faits de détournement de fonds publics reprochés à Marine Le Pen. Il a argumenté que les assistants parlementaires avaient des fonctions conformes aux pratiques et usages en vigueur et a évoqué le cas du garde du corps historique du parti, qui était également un assistant parlementaire. Enfin, il a demandé au tribunal de ne pas juger sa cliente sur des considérations qui la dépassent, mais de la considérer comme une justiciable comme les autres. La décision du tribunal sera rendue le 31 mars prochain.