La France dépense-t-elle plus pour acheter du gaz russe que pour aider l’Ukraine militairement ?
Il est important de se demander si la dépendance de la France aux énergies fossiles mine ses efforts pour soutenir l’Ukraine face à la Russie. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes-EELV, a récemment affirmé que la France dépense plus pour acheter du gaz à Poutine que pour aider l’Ukraine militairement. Mais est-ce vrai ? Il n’y a pas encore de données officielles précises sur les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe en France pour l’année 2024. Cependant, selon un rapport de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), les importations européennes de GNL russe ont augmenté de 18% cette année-là. La France est devenue la première porte d’entrée européenne pour le GNL russe, avec au moins 2,68 milliards d’euros dépensés pour ces importations. Il est important de noter que ces chiffres ne concernent que la période de janvier à novembre 2024, et non l’année entière. D’autre part, dans le cadre d’un accord de sécurité signé en février 2024, la France avait initialement promis d’accorder jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine pour la même année. Cependant, ce montant a été revu à la baisse en octobre, sans précision quant au chiffre exact. L’aide militaire comprend différentes mesures telles que la valorisation des matériels cédés, les formations et les engagements financiers. Il est donc difficile de déterminer précisément si la valeur des importations de GNL russe en France dépasse celle de son aide militaire à l’Ukraine. Cependant, selon les estimations disponibles, les deux montants sont comparables pour l’année 2024. On peut comprendre que Marine Tondelier souhaite dénoncer le fait que la France soutient l’Ukraine d’un côté tout en dépendant énergétiquement de la Russie de l’autre. Cette dépendance affaiblit l’autonomie stratégique de l’Europe et la réalité de son soutien à l’Ukraine. La France dispose déjà de sources d’approvisionnement diversifiées en matière de GNL, provenant notamment des Etats-Unis, de Russie et d’Algérie. Il serait possible pour la France d’augmenter ses importations de GNL provenant du Qatar, par exemple. Cependant, il est important de noter que la Commission européenne s’est donné comme objectif de se passer des énergies fossiles russes d’ici 2027, suite à l’invasion russe en Ukraine. L’IEEFA recommande également d’éliminer les achats spots de GNL russe par la France, l’Espagne et la Belgique, qui représentent une grande partie des importations européennes de ce gaz liquéfié russe. En conclusion, bien que les chiffres exacts ne soient pas disponibles, il est possible que la France dépense autant pour acheter du gaz russe que pour aider militairement l’Ukraine. Il est important pour la France de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique afin de réduire sa dépendance à l’égard de la Russie et de promouvoir les énergies renouvelables.