Prix Goncourt 2024 : Kamel Daoud accusé d’avoir exploité l’histoire d’une victime de la guerre civile algérienne pour son roman Houris
Le 4 novembre dernier, Kamel Daoud est devenu le premier écrivain algérien à remporter le prix Goncourt. Cependant, cette récompense pour son roman Houris a suscité des plaintes à son encontre, notamment pour violation du secret médical. Une jeune femme de 31 ans, Saâda Arbane, accuse Kamel Daoud d’avoir utilisé son histoire personnelle sans son autorisation. Elle est apparue à la télévision algérienne pour témoigner de cette affaire. Dans son roman, le personnage central Aube vit une histoire similaire à celle de Saâda Arbane, qui aurait expressément demandé à l’écrivain de ne pas la raconter. La jeune femme connaît Kamel Daoud et son épouse, qui a été sa psychiatre pendant plusieurs années. Victime d’un étranglement violent pendant son enfance, en pleine guerre civile algérienne, Saâda Arbane a perdu l’usage de sa voix, tout comme le personnage du roman. Elle affirme que des éléments de sa vie que seule sa psychiatre aurait pu connaître se retrouvent dans le livre. Cette affaire soulève une controverse autour de Kamel Daoud, qui est une personnalité très clivante. Journaliste pour Le Quotidien d’Oran avant de se lancer dans une carrière littéraire dans les années 2000, il est connu pour son roman Meursault, contre-enquête. Salué par la critique en France, il a également été victime d’une fatwa en Algérie en raison de ses critiques virulentes envers l’islamisme et l’emprise des religieux. Bien qu’il réside en France aujourd’hui, l’histoire de son pays reste au cœur de ses écrits. Houris se déroule pendant la décennie noire, une période de guerre civile en Algérie qui est interdite d’évocation dans le pays en vertu d’une charte sur la réconciliation nationale. Les plaintes déposées contre Kamel Daoud et son épouse se basent sur des accusations de violation du secret médical et de la loi sur la réconciliation nationale. En vertu de la charte de réconciliation nationale, il est interdit d’évoquer les blessures de la tragédie nationale, une période qui a englobé la guerre civile algérienne de 1992 à 2002. Ces accusations ont également conduit à l’interdiction de la présence de Kamel Daoud au Salon international du livre d’Alger. Face à ces accusations, l’éditeur de Kamel Daoud, Antoine Gallimard, a dénoncé des campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches du régime algérien. Les relations entre Paris et Alger semblent également être tendues dans cette affaire. En conclusion, Kamel Daoud est confronté à des plaintes pour violation du secret médical et de la loi sur la réconciliation nationale, suite à son roman Houris. Ces accusations émanent d’une jeune femme qui affirme que son histoire personnelle a été utilisée sans son autorisation dans le livre. Cette affaire alimente une controverse autour de l’écrivain, connu pour ses critiques de l’islamisme et de l’emprise religieuse en Algérie.