Arrêt des régularisations au fil de l’eau : les propos du directeur de l’Ofii
Le ministre de l’Intérieur souhaite mettre un terme aux régularisations au fil de l’eau, a annoncé Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), lors d’une interview sur franceinfo. Cette déclaration fait suite à la diffusion d’une nouvelle circulaire par Bruno Retailleau, durcissant les règles en matière de régularisation des sans-papiers.
Qu’en est-il réellement des régularisations jusqu’à présent ?
Selon Didier Leschi, les régularisations étaient effectivement réalisées de manière régulière, à un rythme de 30 000 à 35 000 par an. Cependant, il tient à préciser que ces régularisations ne représentent pas la principale entrée d’immigration en France, qui reste majoritairement régulière. Ainsi, le ministre de l’Intérieur souhaite se focaliser sur les personnes arrivant de manière irrégulière sur le territoire.
Quelle est la situation en comparaison avec les autres pays européens ?
La régularisation au fil de l’eau était un mécanisme relativement rare en Europe, souligne Didier Leschi. La France se distinguait ainsi des autres pays en adoptant cette approche. Cependant, il est important de noter que l’immigration régulière en France a considérablement augmenté ces dernières années, avec une hausse de 35% du nombre d’immigrés en 15 ans. Le pays compte désormais plus de 4 millions de titres de séjour, soit une augmentation de 70% depuis le début du siècle. Concernant les standards européens, Didier Leschi souligne que l’Europe est généralement ouverte à l’immigration légale, avec environ 3,5 millions de titres de séjour délivrés en 2023. Ainsi, environ 12% à 13% de la population européenne serait d’origine immigrée, un taux similaire à celui de l’Amérique du Nord (14-15% aux États-Unis, un peu plus au Canada). En revanche, d’autres continents, comme l’Amérique latine, affichent un taux d’immigrés bien plus faible, soit environ 3%.
Les critères de regroupement familial en France sont-ils trop généreux ?
Didier Leschi reconnaît que les critères d’immigration familiale en France sont plus larges que ceux observés dans d’autres pays. Par exemple, le mariage avec un Français ne requiert pas de critères spécifiques pour l’immigration familiale, le droit est automatique. Cela n’est pas le cas dans tous les pays européens.
Les étrangers doivent-ils répondre à certains critères pour obtenir un titre de séjour ou une régularisation ?
Didier Leschi explique que la France est un pays ouvert à l’immigration, tout comme l’Europe en général. En 2023, plus de 320 000 nouveaux titres de séjour ont été délivrés. Cependant, la question se pose de savoir si l’on doit accepter l’arrivée de personnes n’ayant pas un droit acquis au séjour, compte tenu du nombre important de titres de séjour déjà attribués régulièrement. Ce débat traverse l’ensemble de l’Europe, d’autant plus que certains pays éprouvent des difficultés à intégrer l’immigration légale. Il est également important de souligner que plus de 30% des immigrés en France ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Les moyens consacrés à l’intégration doivent donc avant tout être destinés à ceux qui ont un droit au séjour. En conclusion, le débat sur l’immigration irrégulière et les régularisations au fil de l’eau est un enjeu européen majeur. La France fait face à une augmentation significative de l’immigration régulière, ce qui soulève des questions sur l’intégration des nouveaux arrivants. La question des critères de régularisation et du regroupement familial est également soulevée, avec des différences notables entre la France et d’autres pays européens.