Les intermédiaires au cœur du procès
Au 11e jour du procès des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, les intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri ont été largement évoqués. Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE, a témoigné devant le tribunal correctionnel de Paris pour expliquer le rôle dangereux de ces personnages. Claude Guéant et Brice Hortefeux ont également été mentionnés, car ils étaient au courant de la dangerosité de Takieddine et Djouhri.
Des mises en garde ignorées
Alain Juillet a révélé qu’il avait averti Brice Hortefeux de se méfier de Ziad Takieddine lorsque ce dernier s’était affiché avec lui sur son yacht. Il avait même rencontré Claude Guéant, à l’époque secrétaire général de l’Elysée, pour le prévenir des relations douteuses d’Alexandre Djouhri dans le milieu politique et des entreprises. Malgré ces avertissements, les anciens ministres ont continué à fréquenter ces intermédiaires, mettant ainsi en danger leur propre position.
Les implications des intermédiaires
Les deux intermédiaires, proches des réseaux de la droite française mais en concurrence, sont accusés d’avoir aidé à faire transiter de l’argent libyen pour la campagne de Nicolas Sarkozy. Alain Juillet a révélé qu’en 2006, Takieddine se promenait en Libye avec une lettre de Nicolas Sarkozy promettant de faire lever le mandat d’arrêt contre Abdallah Senoussi en échange d’un marché pour la remise en état des avions de chasse libyens. Selon le témoin, cette lettre était une pure invention et il regrette de ne pas avoir saisi la justice à l’époque.
Les réactions des prévenus
Nicolas Sarkozy, présent sur le banc des prévenus, a vigoureusement nié l’existence de cette lettre. Il a qualifié ces accusations de balivernes et s’est étonné que personne ne lui ait jamais parlé de cela. Quant à Claude Guéant, son avocat a tenté de remettre en question la dangerosité attribuée à Alexandre Djouhri en soulignant son casier judiciaire vierge. Alain Juillet a répondu que Djouhri était avant tout motivé par ses intérêts personnels et que cela le rendait dangereux d’une autre manière.
L’enjeu du procès
Ce témoignage met en lumière la nature trouble des intermédiaires dans les affaires politico-financières. Alain Juillet estime qu’il est crucial de lutter contre ces acteurs, car ils sont profondément malsains. Les prévenus risquent jusqu’à dix ans de prison dans cette affaire complexe qui continue de susciter l’attention. Le témoignage d’Alain Juillet soulève des questions sur la responsabilité des anciens ministres et leur connaissance des agissements des intermédiaires.