Football : Projet de dissolution de neuf groupes de supporters inquiète les spécialistes Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, envisage de dissoudre neuf groupes de supporters de Ligue 1 et de Ligue 2, ce qui suscite des inquiétudes parmi les spécialistes des tribunes françaises. Un projet controversé Depuis ces dernières semaines, le ministère de l’Intérieur travaille sur la dissolution de plusieurs groupes de supporters. À ce jour, cinq groupes sont visés par un projet de dissolution : la Brigade Loire (FC Nantes), les Offenders (RC Strasbourg), la Légion X (Paris FC), ainsi que les Magics Fans et les Green Angels (AS Saint-Etienne). Les enquêtes policières sont en cours pour les sept autres groupes visés. Les motifs reprochés à ces groupes sont entre autres des violences envers les forces de l’ordre, des dégradations d’espace public, des chants à caractère homophobes ou racistes, ainsi que des participations à des manifestations interdites. Incompréhension et inquiétudes Cette décision suscite l’incompréhension chez les spécialistes du supportérisme. Le sociologue Ludovic Lestrelin, qui a co-rédigé un rapport parlementaire sur le sujet, affirme ne pas être surpris par ce projet de dissolution. Il souligne cependant que la situation s’est apaisée ces derniers temps et que les incidents majeurs sont devenus rares. De plus, certaines recommandations du rapport parlementaire de mai 2020 ont été mises en place et ont contribué à apaiser la situation. Ludovic Lestrelin estime donc que cette décision n’a aucun sens. Un timing déroutant Sacha Houlié, député et co-auteur du rapport parlementaire, s’interroge sur le timing de cette décision. Selon lui, la situation s’est améliorée et il n’y a plus de violences répétées. Il pointe du doigt le fiasco de la finale de la Ligue des champions en 2023, qui aurait été utilisé pour stigmatiser les supporters. Il remet également en question l’efficacité de l’interdiction générale de déplacement, qui a été mise en place après cet événement. Il estime que cette décision remet en cause les bonnes pratiques de gestion des supporters et ne s’attaque pas aux véritables problèmes. Les conséquences préoccupantes Les spécialistes du supportérisme s’inquiètent des conséquences de la dissolution de ces groupes de supporters. Dissoudre des groupes d’ultras comme la Brigade Loire, les Magics Fans et les Green Angels risque d’aggraver les relations entre les supporters et les autorités, et pourrait favoriser les incidents. Ludovic Lestrelin souligne l’importance des groupes de supporters dans les stades et dans leur ville. Il estime qu’il est préférable de travailler en collaboration avec ces groupes, comme cela se fait déjà dans certaines villes, plutôt que de les dissoudre. Une opération de communication ? Certains estiment que cette décision relève davantage d’une opération de communication politique que d’une véritable solution aux problèmes rencontrés. Sacha Houlié dénonce la propension des ministres de l’Intérieur à utiliser les supporters de football comme boucs émissaires pour se faire une notoriété. Il rappelle que la gestion de l’ordre public doit s’attacher à encadrer les libertés plutôt qu’à les interdire systématiquement. Il invite les préfets à adopter de bonnes pratiques de gestion des supporters et à travailler en concertation avec eux. Un débat encore ouvert Il est évident que ce projet de dissolution de neuf groupes de supporters alimente le débat sur la gestion du supportérisme en France. Alors que le ministère de l’Intérieur semble vouloir jouer un rôle central dans ce domaine, les spécialistes et les supporters appellent à prendre en compte les réalités du terrain et à travailler en concertation avec les groupes de supporters pour trouver des solutions adaptées. Le ministère des Sports devrait également être impliqué dans ce débat, conformément à la loi en vigueur.
